Skip to main content

Une escale à Lormont au musée des amis du Vieux Lormont

Il y a quelques jours, avec ma complice Julia, nous nous sommes offert une balade à Lormont. Au programme : une journée à Lormont pour deux musées! Et on n'allait pas se laisser arrêter par une pluie battante ! C'est mal nous connaître ! 

Le matin nous sommes parties à l'assaut du Musée National de l'Assurance Maladie logé dans un magnifique hôtel particulier ayant appartenu à la famille Gradis et dont Julia va te parler sur son blog. Vas-y, clique pour en savoir plus ! 


Duo de guides conférencières au musée de l'assurance maladie à Lormont

 

 

L'après midi, nous avions pris RDV pour une visite du musée des Amis du Vieux Lormont sur les hauteurs, au coeur du Vieux Lormont.  Créée en 1968, l'association Les Amis du Vieux Lormont se constitue d'un petit noyau de passionnés d'histoire et de patrimoine. Le Musée a ouvert ses portes en 1973 dans un bâtiment de la fin du XVIIIe siècle mis à disposition par la ville. Chaleureusement reçues, nous avons pu visiter la collection qui témoigne de l’histoire locale de Lormont mais aussi de plusieurs pans de celle de Bordeaux...

 

Des sources à Lormont !

J'ai notamment appris (mais j'avoue que je ne m'étais jamais posé cette question) que nombreux furent les bateaux qui s'approvisionnaient en eau à Lormont avant de partir en expédition. Quand on y réfléchit, c'est logique... à cette époque là, Lormont c'est la campagne.... Ce sont des hauteurs qui superposent une couche d'argiles et de graves d'une dizaine de mètres sur un lit de calcaire de 40 m d'épaisseur lui même reposant sur des marnes argileuses.  Comme les marnes sont imperméables, il y a de nombreuses sources qui jaillissent entre le calcaire et les marnes.

Et cette eau filtrée à travers le calcaire devait être bien moins polluée que celle de Bordeaux encombrée des détritus en tout genre... 
Il était déjà sacrement difficile de maintenir de l'eau en bon état sanitaire pendant plusieurs semaines encore fallait il qu'elle soit propre au départ!

 

Un premier bateau à Vapeur français?

Sinon, figure toi que j'ai aussi appris que le premier bateau à vapeur construit en France fut construit ici à Lormont!

Eh oui... un peu d'autodérision n'a jamais tué personne dit la guide qui propose une visite "Bordeaux inventions et innovations au fil du temps"

 Alors je t'explique... On plante le décor:

En 1615, Salomon de Caus, ingénieur français, serait le premier à avoir utilisé la force de la vapeur dans la construction d’une machine hydraulique.  En 1695, Denis Papin, physicien français, imagine la machine à piston et proposa de l'employer à faire marcher les bateaux au moyen de roues à palettes. On tient le bon bout!

Mais après plusieurs essais, ce n'est qu'en 1807 que Fulton, mécanicien américain, conçut le premier bateau à vapeur dont les essais furent menés à Paris. Bonaparte, réputé de peu de patience avec les hommes à projets, refusa le projet de Fulton. C’est aux États-Unis que Fulton ouvrit en 1807 la première ligne régulière à vapeur entre New York et Albany avec le « Clermont » !
Nous sommes en 1811, quand Henry Bell construisit le premier bateau à vapeur en Angleterre avec une machine de Watt.

En 1814, on voit pour la première fois un bateau vapeur opérationnel en France: il s'agissait du vapeur « Élise » qui venait de Londres à Paris.

Et là je reviens à nos moutons :

Le premier bateau à vapeur qui ait été construit en France s'appelait la "Garonne". Il fut construit à Lormont (Gironde) sur les chantiers navals de  MM. Chaigneau et Bichon. Ce bateau à vapeur était la commande d'un Américain résidant à Lorient du nom de Church. M. Church, consul des États-Unis d'Amérique, pour Brest, Lorient et autres ports de l'Océan, était possesseur du brevet d'importation en France, d'une machine connue en Angleterre et en Amérique, sous le nom de « Steamboat ».
Il fit exécuter par MM. Chaigneau frères et Bichon fils, constructeurs maritimes à Lormont, le bateau à vapeur la « Garonne » lancé le 2 août 1818 qui effectua le service de Bordeaux à Langon la même année.

Le vapeur mesurait 24m de long et il était doté d'une machine de 30 chevaux, à aubes articulées donnant une vitesse de 16 kilomètres à l'heure avec le courant (soit 8.64 noeuds).  ????

 

Dessin plume Plan La Garonne - collection musee Aquitaine

 

 Alors, je te vois déjà sourire en lisant ça mais imagine un peu la révolution !
Même dans des circonstances défavorables de vent et de marée contraires, le trajet de Bordeaux à Libourne pouvait se faire en 6 heures au lieu de 10.

L'autre révolution, c'est d'arriver à heure fixe.


"Le bateau à vapeur fera son voyage, soit sur Langon, soit sur Macau, dans quatre heures de temps,
c'est vraiment commode parce qu'on est sûr d'arriver à heure fixe, ce qui n'a pas lieu avec les bateaux qui se servent de la marée."

  Bernadau, Tablettes manuscrites cryptographiques contemporaines, du mois d'août 1818

 

Machine Vapeur de Church - Lithographie de Gaulon (Source : BNF)

 

 

 

 

Le bateau fut donc utilisé pour transporter les voyageurs régulièrement de Bordeaux aux ports de Langon ou de Macau. Il navigue sans voiles et sans rames, par le moyen de deux roues à pelles placées au centre et qui sont mises en mouvement au moyen d'une pompe à jeu alimentée avec des billes de pin.  L'eau est tirée de la rivière et portée, par une pompe aux chaudières dans lesquelles l'eau se vaporise pour devenir l'énergie motrice du bateau. Et en plus, au hasard de mes recherches, je découvre que Cyprien Gaulon, le lithographe dont je t'ai parlé dans un précédent article, a laissé une illustration de la machine en question!

 

 

 

"Il manœuvre en tout sens avec beaucoup de facilité et vire de bord promptement par l'action du gouvernail qui est à l'arrière.
C'est un spectacle curieux de voir un bateau de cent pieds de long et de vingt pieds de large
naviguer sur une rivière sans les moyens extérieurs qu'emploient les bateaux ordinaires.
Ce spectacle frappe presqu'autant, dans son genre, que celui de l'ascension d'un ballon aérostatique."

  Bernadau, Tablettes manuscrites cryptographiques contemporaines, du mois d'août 1818

 

Radiogoniometre -  Musee Amis Vieux LormontUn mot pour se la péter au scrabble : le radiogoniomètre! 

Et puis pendant cette visite, j'ai aussi appris un nouveau mot : le radiogoniomètre. Je ne suis pas sortie pour rien ce jour là !

Alors si toi non plus tu n'as pas la moindre idée de ce dont je parle, c'est un système capable de mesurer la direction d'arrivée d'une onde électromagnétique par rapport à une direction d'arrivée de référence qui est en général le nord magnétique ou le nord géographique. Contrairement aux radars,  la radiogoniométrie est un processus passif. C'est une interprétation du front d'onde de l'onde électromagnétique que le radiogoniomètre échantillonne sur un réseau de plusieurs capteurs pour déterminer la direction d'arrivée.

En anglais on utilise le mot "Directional Finder" et en français "Gonio" pour les intimes (ou les initiés) ????

C'est donc un récepteur permettant à un navire de connaître instantanément et avec précision son cap en captant des balises fixes au sol dont la position est connue. 

ll fut très utilisé jusque dans les années 1970 mais le système reste entaché de nombreuses imprécisions dues à des anomalies de propagations des ondes : temps de brouillard, déviation par une masse terrestre, embruns...

L'antenne en forme de cercle (qu'on voit sur le coté droit de la photo) associée a l'appareil de radiogoniomètrie était installée sur le toit de la passerelle.

 

 

 

 

 

Ancre Trotman  - Musee Amis Vieux Lormont

 

 Sur cette photo, je suis appuyée sur une ancre Trotman. Il y en a une autre en bas sur le quai de Lormont, le long de la Garonne. Elles auraient été fabriquées dans le dernier tiers du XIX° siècle vers 1870/1880 en Angleterre. Elles ont été découvertes dans la Garonne.  On voit toujours son anneau de hissage qui  permettait de soulever l’ancre par son centre de gravité et d'éviter que l’ancre ne se balance trop lors de la remontée.

 

 

                                                                                          Les différentes parties d'une ancre (source : voileaventures.com)                  Ancre Trotman et son anneau de hissage  - Musee Amis Vieux Lormont

 

 Les deux autres ancres sur le côté ne proviennent pas d'un bateau. Elles permettaient d’immobiliser un ponton. C’est pour ça qu’elles ne sont équipées que d’un bras afin de ne pas risquer d'accrocher les coques des bateaux en approche.

 

 

Ben voilà, j'espère que ça t'a plu et que tu auras appris quelques trucs en parcourant cet article.

Dans ce cas, n'hésite pas à le partager sur les réseaux sociaux,
c'est bon pour ma visibilité et ça m'encourage à créer toujours plus de contenu culturel!

 

J'en profite pour te paratger ce petit duo vidéo toujours avec ma complice Julia autour des armoiries de Bordeaux ! 

 

 

Tu as même le droit de laisser un petit commentaire en dessous si le coeur t'en dit ! 

 

 

  

Sources : 

Musée des amis du Vieux Lormont : 1, rue de la République - tel : 05 56 06 35 60 / www.avl-musee.com

Recherches sur les bateaux à vapeur bordelais : (1818-1898) / de Charles Chaigneau paru en 1899 que tu peux consulter en ligne sur Gallica en cliquant ici

Plan de La Garonne à la plume - Issu collections en ligne du Musée d'Aquitaine - ref : D 80.2.1790.

Schéma des différentes parties de l'ancre pris sur le site : https://www.voiles-aventures.com/

 

Estuaire Gironde, Guide Conférencier, Bordeaux insolite, musée, Guide conférencier Bordeaux

Gravatar
Dominique Fieux
Chantier naval Chaigneau
Bonjour, Je suis à la recherche de détails sur un bateau baptisé "Vicomte de Chateaubriand" construit en 1841 sur lequel mon arrière-arrière-grand père est parti en californie en 1850. Une gravure, des détails, des plans...? Si vous pouvez m'aiguiller vers des sources, je vous en remercie à l'avance
1
Gravatar
Marie HALLIER
Chantier naval Chaigneau
Je vais regarder rapidement de mon côté mais j'aurais tendance à dire qu'il faudrait entrer en contact avec les archives de Bordeaux Metropole; Malheureusement , j'ai l'impression que les fonds qui pourraient vous intéresser ne sont pas inventoriés et donc non consultables (86 S - Fonds des Chantiers de la Gironde et 110 S - Fonds France-Gironde - 1888-1968) - Interrogez aussi "Les Amis du Vieux Lormont" ou l'association "La Mémoire de Bordeaux" qui a consacré plusieurs ouvrages à l'histoire de la construction navale à Bordeaux , je suis sûre qu'ils pourraient vous aiguiller dans vos recherches !
0
Afficher le formulaire de commentaire