Ma sélection subjective des 4 immanquables temps modernes au Musée d'Aquitaine
Les vestiges du piédestal de la statue équestre de Louis XV
Intimement liée à l’histoire de la place Royale (l'actuelle place de la Bourse) qui devait lui servir d'écrin, la statue équestre de Louis XV arrivera à Bordeaux bien plus tard que dans d’autres villes, probablement à cause de la forte rancune que gardaient les Bordelais à l’égard du roi.... suite aux châtiments qui ont suivi les révoltes de 1675. Eh oui, la rancune tenace ces Bordelais !
La statue transportée à Bordeaux par voie de mer fut inaugurée le 19 août 1743. Elle fut descendue de son socle en 1792. Conservée selon les dires des commissaires de l'époque « en faveur des arts », elle fut pourtant reléguée sous un hangar puis froidement expédiée à La Rochelle pour y être fondue et transformée en canons!
Si la statue a disparu, il nous reste les panneaux latéraux à la gloire de Louis XV. Les deux grandes faces étaient ornées de bas-reliefs sculptés par Francin, l'un représentant la Bataille de Fontenoy (11 mai 1745) et l'autre la Prise de Port-Mahon (27 juin 1756). Prenez bien le temps d'admirer chaque détail car il se dit que ces ornements coûtèrent deux ans de travail au sculpteur Francin!
Il reste également les magnifiques trophées qui étaient dans les angles du monument, du moins 3 sur 4. Ces trophées militaires groupés sur les angles faisaient allusion aux quatre parties du monde : l'Europe, l'Asie, l'Afrique et l'Amérique.
L'Asie symbolisée par cette tête d'éléphant et cette étrange tête de fauve...
L'Amérique symbolisée par des flèches, un carquois, une coiffe et une tête de caïman
L'Europe avec un coq, une tete de cheval et ce casque que nous voulons voir comme le casque d'Alexandre le Grand, le grand Conquérant à qui on veut comparer Louis XV.
La maquette du vaisseau de ligne dit "Le Conquérant"
Le Conquérant, le 3ième du nom, est un trois-mâts connu pour son exceptionnelle longévité : 58 ans de bons et loyaux services!
C’est un vaisseau de ligne de 74 canons répartis en deux ponts (soit deux batteries de canons superposées) pouvant transporter jusuq'à 650 hommes. Au combat, ces vaisseaux naviguent selon une organisation en ligne, d’où leur nom.
Cette maquette est postérieure à la construction du navire. Elle a vraisemblablement été réalisée aux environs de 1770 et simplifiée puisque ce modèle ne comporte que 64 canons.
Le Conquérant a aussi été de tous les grands combats de la deuxième moitié du XVIIIe siècle! Lancé à Toulon en 1746, il rejoint Bordeaux en 1773. Le port de la Lune n’est pas un port militaire, mais en période de conflits les navires de guerre viennent y protéger le commerce maritime.
Mais c'est plus tard qu'il va vivre sa grande aventure : En 1778, Louis XVI décide de venir en aide aux « Insurgents d’Amérique »! Le Conquérant participe à un premier combat victorieux au large d’Ouessant qui marque la renaissance de la marine française. En 1780, il part au sein d’une escadre pour soutenir Lafayette sur les côtes américaines. C'est pas rien quand même !
En 1782, on le retrouve comme navire escortant une importante flotte de produits coloniaux de retour vers le Vieux Monde.
Retour vers Toulon avant d’être réarmé à la hâte en 1798 : il fait partie de « l’expédition d’Egypte » pour laquelle Bonaparte embarque 40 000 hommes sur 280 navires. Imprudemment mouillé près d'Aboukir, il est surpris par la flotte de Nelson. Escorté par ses vainqueurs, il fait route vers l’Angleterre où il finira sa vie, probablement transformé en prison flottante. Triste fin !
Le fétiche du Bénin constitué de véritables chaîne d'esclaves
Depuis 2009, avec la création de ce volet de l'exposition permanente, la ville de Bordeaux a fait un superbe travail de mémoire sur l'un des chapitres les plus sombres de son istoire : la traite des noirs.
Bien que Bordeaux se soit plutôt illustrée dans le commerce en droiture, environ 480 expéditions de traite sont parties du port de la Lune !
Le royaume du Dahomey (en langue Fon) est un ancien royaume africain situé dans le sud-ouest de l'actuel Bénin entre le XVIIe siècle et la fin du XIXe siècle. Situé sur le golfe de Guinée, il fut dès la fin du XVIIe siècle, l’un des principaux centres de la traite négrière. On estime à près de deux millions le nombre des esclaves déportés depuis les comptoirs européens de la côte du Bénin.
Parmi les productions les plus connues des Fon, se trouvent les Botchio, fétiches utilisés pour la protection des villages, des lignages et des individus. La fonction principale du Bocio (boccio, bochio...) est de rentrer en contact avec les esprits de l'autre monde pour repousser les forces néfastes.
Ce Botchio, recouvert d’authentiques et très anciennes chaînes d’esclaves et portant deux crânes de crocodile, est certainement unique. Son rôle serait probablement en rapport avec le désenvoûtement, comme le souligne la symbolique des chaînes.
Les objets portant des chaînes d’esclaves sont très rares car elles ont été le plus souvent détruites pour effacer le traumatisme provoqué par la Traite.
La maquette du morutier Notre-Dame d'Uronea
La réalisation de cette maquette a nécessité 2 ans de travail de l'association Itsas Begia, dont le nom signifie « l’œil de la mer»; elle œuvre à la sauvegarde, à la valorisation et à la transmission du patrimoine maritime basque. L’association réalise aussi des maquettes d'authentiques navires basques. Une de ses maquettes, un très bel exemplaire de morutier, le Notre-Dame d’Uronea, est présentée dans les salles permanentes du musée d’Aquitaine, au premier étage.
« Notre-Dame d’Uronea » était un bateau traditionnel pouvant accueillir une trentaine de pêcheurs qui partaient sur les bancs de Terre Neuve et qui utilisaient les petites doris, ces petits bateaux noirs renversés que vous apercevez sur le pont du gros voilier.
Eh oui pour répondre à une question récente posée en visite, c'est bien pour ça qu'on a un arrêt de tram à Bègles qui s'appelle "Terre Neuve", puisque Bègles fut en effet le plus grand centre morutier de France durant tout le XIXᵉ siècle et la première moitié du XXᵉ siècle. Sa position géographique permettait l’accès facile des gabares et la qualité de l'eau de ses nombreux ruisseaux offrait les ressources nécessaires pour le lavage et le traitement de la morue.
On reçoit donc la morue « verte », simplement salée pour être conservée depuis le lieu de pêche et on l'étend sur des fils en plein air pour la faire sécher.
L'endroit était idéal pour cette activité : en bord de Garonne, la ville offrait de vastes terrains, beaucoup de cours d'eau qui permettent de laver le poisson. Dernier détail : Bègles est soumises aux vents dominants qui ont l'avantage de ne pas ramener les odeurs qui auraient pu incomoder la bourgeoisie et l'aristocratie bordelaise ou pire encore.... « gâter le vin » !
Si jamais vous avez manqué ma sélection d'objets immanquables du rez-de-chaussée de la préhistoire à la Renaissance, de la Vénus de Laussel à Montaigne en passant par l'Hercule de Bordeaux... Ben c'est par là
Et voilà... C'était mon tour d'horizon desimmanquables de la collection permanente du Musée d'Aquitaine de Bordeaux.
Merci d'avoir lu cet article jusqu'au bout !
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